Peut-on sauver le Velib ?

Cette question doit hanter la tête de beaucoup de personne en ce moment.
Le Syndicat Autolib Velib, la mairie de Paris, les actionnaires de Smovengo.
Peut on sauver le Velib, et si oui, Comment ?

A observer Smovengo et Smoove se comporter, agir dans les rues, répondre à la presse etc... On remarque trois types de problème.

1. Des problèmes techniques 


Les problèmes techniques sont très nombreux, et Smovengo commencent seulement à les reconnaître. Pour autant ce n'est pas Smovengo qui a conçu le système, mais bien Smoove. Les solutions devront venir de Smoove.

Pendant plusieurs mois l'électrification en retard des stations a été brandies comme l'explication principale voir unique. Force est de constater que ce problème réel est secondaire.

Une fanpage recense les différents problèmes, voici ceux que je retiens comme étant très critiques. Ils feront l'objet d'articles dédiés sur ce blog.

#bugduCadenas 

Des données officieuses, non démenties par Smovengo, indique que dans plus de 30% des cas il y a un vrai faux départ, autrement dit que les utilisateurs n'arrivent pas à débloquer un vélo dans 30% des cas. Ceci est une estimation basse, car ce chiffre n'est vrai que pour les stations en fonctionnement correcte ou presque. Si par malheur la station est sans batterie alors aucun départ/retour n'est enregistré et donc les stats ne les comptent pas.
Les stats ne comptent pas non plus les échecs dû aux vélos qui arrivent en bout de batterie (clignotant rouge).
Dans la réalité, c'est plutôt 1 vélo sur 3 qui est empruntable selon mes échanges avec les utilisateurs que je connais. Parfois il faut faire plusieurs stations avant d'en trouver un qui soit empruntable.

#bugHorodatage

Smovengo annonce qu'ils ont un bug d'horodatage. Selon les explications remontées par les associations cyclistes suite à leur entretien avec Smovengo, on peut en déduire que l'horodatage se fait sur le totem, pas sur le vélo. Si ce bug est vrai, ça pourrait expliquer les plaintes de gens sur les remontées erronées relativement à leur course.  #bugdedate = #bugdecourse, car il est impossible de calculer les temps de courses.

#bugOpérateurTelecom

Smovengo annonce également qu'ils ont un problème 3G qui bloquerait les communications entre le totem et le datacenter. C'est un problème potentiellement gênant, car le vélo doit communiquer au départ et au retour avec le datacenter. Mais on ose espérer que le totem peut temporiser les échanges, sinon effectivement c'est très embêtant.

On attend donc, un plan d'urgence de la part de Smoove pour nous dire comment ils vont résoudre ces problèmes.

2. Des problèmes opérationnels

Smovengo est manifestement très mal organisé au niveau opérationnel.

Elle fait appel à une armée de sous-traitant qu'elle a beaucoup de mal à gérer, ainsi que ses salariés en grève qu'elle vient de licencier.

Sans parler du retard d'environ 6 mois sur les mises en service des stations, il est assez clair que le déploiement est chaotique. Des stations sont annoncées mais pas ouvertes, d'autres sont ouvertes mais pas annoncées.
Le changement des batteries dans les stations non électrifiées n'est pas sous contrôle, même si il semble que ça soit mieux qu'au début. Les stations en bout de batterie, ne sont pas annoncées sur le site web, ni dans l'application mobile. Grosse frustration pour les utilisateurs non avertis qui vont du coup tester pour rien tous les vélos et perdre leur temps. En testant les vélos, ils usent les batteries qui ne sont rechargées qu'en roulant pour les vélos mécaniques, précipitant ainsi le bloquage définitif du vélo.


Globalement il y a une fuite de vélo qui se bloquent pour diverses raisons. Quand on regarde les stats sur le site non officiel mais avec les données officielles, c'est environ 150 vélos par jour qui partent en bloquage définitif, puis en batterie vide. Pour Smovengo il faut les enlever, les remplacer par des vélos qui fonctionnent, les réparer.

Voici la courbe de la semaine dernière.




C'est toute une chaîne logistique à créer qui n'avait pas été prévue. Réparer 150 vélo par jour, ça fait du monde.


3. Des problèmes de management

Et pour ajouter à tout ceci qui est situation difficile déjà en soit, il y a manifestement des problèmes de management chez Smovengo et Smoove. Mais peut-être que les problèmes de management sont aussi les causes profondes des problèmes techniques & opérationnels, comme c'est souvent le cas.

Problème chez Smovengo qui est incapable de gérer son personnel et provoque une grève au moment le moins pertinent.  Les actionnaires, qui sont des grands groupes, ont clairement pris des mesures vu qu'il ont nommé un manager de crise.
Mais le plus drôle c'est qu'il nomme un manager de crise Arnaud Marrion, tout en laissant Jorge Azevedo qui a été incapable de gérer la situation jusqu'à présent. Crise de légitimité assurée. Par ailleurs, la première action d'Arnaud Marrion, semble d'avoir été de remercier la société de com Rumeur Publique, alors que les problèmes sont clairement techniques et opérationnels. Curieux démarrage.

Problème chez Smove, l'interview de Laurent Mercat dans le Midi Libre est incroyable, n'assumant pas la part de responsabilité de sa société dans la crise en cours. Il se dédouane simplement en ne se prétendant pas magicien, pour autant il a co-signé un contrat avec le SAVM avec des engagements qui ne sont pas tenus. Quand le sommet se défausse ainsi, c'est qu'il y a un problème en-dessous pour obtenir les résultats attendus.



Pour sauver le Velib, il va falloir régler tous ces problèmes. 



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